
Chaque jour, je peux faire quelque chose pour ce monde…
17 septembre 2024
L’écrit est démodé
2 décembre 2024Alors que je participais à quelques actions pour aider des migrants à mieux s’exprimer en français, je l’ai reçu en plein cœur, lui le migrant posé, discret, en errance … avec une si belle âme.

Soudanais, il avait traversé des territoires dangereux ; pudique, il gardait pour lui l’horreur que ses yeux avaient croisée.
A 35 ans, il portait sur ses compatriotes un regard protecteur et une attitude paternelle.
Il s’intéressait aux autres, à ce pays dans lequel il espérait trouver refuge.
Poli, attentif, respectueux, il me confiait vouloir trouver un travail, n’importe quel travail… Je sentais bien à la finesse de ses mouvements, à l’intelligence de son regard, qu’il était un homme lettré, qu’il avait laissé dans son pays une situation, une vie… Il demeurait discret, modeste dans cette nouvelle vie bousculée.
Le pays qu’il avait laissé, il n’en parlait pas, il manifestait uniquement l’immense chance que nous avions de vivre dans une totale liberté d’expression.
Lors de notre deuxième rencontre, j’avais pris soin au préalable de me documenter sur le Soudan, et je parlais avec lui de littérature Soudanaise, des auteurs qui avaient dû fuir eux aussi ce régime.
Avec une infini gratitude, il ouvrit un peu son cœur, ses connaissances tout en cherchant à utiliser un vocabulaire plus recherché dans cette nouvelle langue qu’il pratiquait en France.
Au fil de nos rencontres, il me confiait ses étonnements sur nos mode de vie :
« Pourquoi les personnes âgées sont-elles seules chez vous ? », « Pourquoi ont-elles peur lorsque je m’approche pour les aider à porter leurs courses ? », « Chez nous l’ancien est le sage, il mérite le respect de la vie qu’il a traversé sur cette Terre, jamais nous ne les laissons seuls ».
Comment lui expliquer, que dans ce monde occidental, nous avons oublié certaines valeurs humaines fondamentales, comment lui expliquer que le consumérisme, le manque de temps, la peur… ont pris toute la place. Comment lui exprimer toutes nos différences de mode de vie.
Il questionnait, sans le savoir, mes certitudes, mes habitudes…
Lui, rayonnait une sagesse attirante, ce genre de personne auprès de laquelle on se sent bien, sans rien dire. Sa présence était généreuse.
Il voulait monter à Paris,
Je ne l’ai pas revu depuis quelques mois,
Il a continué sa route.
Frère d’humanité, nous n’avons pas le même chemin, pas la même vie.
Saches que je n’oublierai pas les moments partagés avec toi.
Belle vie à toi, belle route,
Continue, ton rayonnement est contagieux.