
Marc Chagall, le peintre mystique
6 septembre 2024
Chaque jour, je peux faire quelque chose pour ce monde…
17 septembre 2024Probablement que ce nom ne vous dit rien, Hannah Dallosz demeure encore très anonyme.
Pourtant elle a participé à une œuvre magistrale.
Elle est la voix qui transmet les messages des « Dialogues avec l’Ange », expérience spirituelle de la seconde guerre mondiale en Hongrie et qui est transcrit dans le célèbre livre qui porte ce nom.

Fidèle lectrice des Dialogues avec l’ange depuis 30 ans, je me suis souvent questionnée sur les êtres acteurs de cette expérience spirituelle. Ce texte d’une authenticité spirituelle remarquable interpelle par sa puissance de verbe. Il prend le lecteur là où il est, il lui répond, il ouvre sur l’Universel, l’évolution, le visible, l’invisible, les lois de toute la vie dans une authentique modernité spirituelle… Les mots manquent pour définir le contenu de écrit. Et bien tout ce texte, est arrivé par la bouche d’Hannah Dallosz.
Qui est elle ? Quelle profondeur d’être faut il, pour qu’il soit confié de telles paroles…
J’ai tenté de la rencontrer au travers de ce qui est écrit et dit sur elle, et surtout au travers des Dialogues avec l’Ange.
« Nous étions des gens complètement ordinaires, répète Gitta Mallasz, c’est pour cela que nous avons été choisis : pour montrer comment l’enseignement Divin peut transformer la vie de personnes tout à fait banales » (Dialogues avec l’ange)
Dans ce contexte historique grave, qu’est la guerre, et au cœur d’une Europe en feu où la mort, la haine et l’antisémitisme sévissent, quatre amis tentent de s’élever au dessus de tout cela, dans une quête de sens et de vérité. De cette quête ils reçoivent les messages spirituels transcrits dans le livre « Les dialogues avec l’ange ». Hannah fait partie des quatre, Hannah est la plus inspirée, la plus intuitive, la plus à même de traduire.
Hannah est née en 1907, dans une famille juive non pratiquante. Son père, directeur d’une école primaire, très ouvert sur les nouvelles techniques pédagogiques est d’une grande culture, et le milieu familial baigne dans cette ouverture culturelle globale. C’est dans cet univers familial doux, protecteur et ouvert qu’a grandit Hannah. Elle étudie à l’école beaux arts de Budapest, et se perfectionne ensuite à Munich. Elle retrouve Joseph durant ses études à Munich, celui qui devient son mari et participe aussi aux entretiens et dialogues.
Hannah, artiste, conçoit avec son mari designer, un atelier de graphisme et de décoration sur la grande colline de Buda dans les années 30. Gitta Mallasz va les rejoindre et s’associer avec eux.
Gitta témoigne :
« L'âme de notre petit groupe était indéniablement Hanna. Elle avait un don de concentration remarquable, et pouvait jauger d’un coup d’œil l’essentiel d’un projet, sur le plan de la conception aussi bien que de la réalisation. Elle avait l’art de résoudre les problèmes les plus divers grâce à un merveilleux mélange de bon sens, d’intuition psychologique et- plus que tout- d’humour."
Hannah, déjà reconnu par son art et son inspiration avait quelques élèves, et plus tard une de ses jeunes élèves, Véra, témoignera et dira d’elle « Hanna ne corrigeait jamais un dessin, un projet, sans que l’on se sente profondément touchée. Ses remarques atteignaient tout notre être, bien au-delà du seul aspect professionnel. Certains d’entre nous n’ont pas pu le supporter, et ont préféré partir. Même lorsqu’il s’agissait de la plus banale des publicités, le moindre trait, pour elle, était un miroir où s’exprimait un événement intérieur. Pendant les leçons, notre contact avec Hanna n’avait rien à voir avec ce qu’il pouvait être à d’autres moments : elle se mettait instinctivement sur une longueur d’onde différente, et lisait nos dessins comme un médecin lit une radio. Elle le faisait avec affection, fermeté et gaieté. …/… J’étais jeune, très attachée à Hannah, qui était devenue mon modèle. Mais elle ne voulait pas de cette dépendance chez nous. Elle nous disait : « après avoir suivi mes cours pendant deux ou trois ans, vous devez trouver votre propre Maître intérieur. » Pour elle, ce qu’il y avait de plus important était de faire naître l’homme nouveau en nous, l’individu créateur libéré de la peur. »
Artiste, elle est déjà très évoluée et elle semble dotée d’une sensibilité innée. Elle la cultive avec raffinement, en méditant, en écoutant de la musique, en lisant. Encore très jeune, Hannah a lu tous les livres de ses parents, du Talmud à Spinoza, elle a enrichi la bibliothèque familiale de Lao Tseu, les Unishpad de la fin de l’Inde védique, la Bhagavad-Gita, et les grands auteurs mystiques évangéliques. Intuitive, inspirée, Hannah cherche mais ne se soumet à aucune discipline spirituelle officielle. L’inspiration créatrice semble être sa voie.
Déjà cette femme semble avant-gardiste par ses idées, son ouverture et cette concentration qu’elle met au service de la production artistique et de la recherche intérieure.
C’est dans ce contexte intérieur pour elle et ce contexte extérieur de montée des l’antisémitisme, que le groupe des quatre jeunes gens vont se retirer à Budaliget, village dans la banlieue de Budapest pour vivre plus dans un essentiel et chercher une vérité et un sens au mensonge ambiant.
Cette quête, Hannah donne tout de suite le ton de la recherche, ils cherchent leur responsabilité dans cet ensemble.
C’est là, par sa bouche, par son être que vont être révélés les Dialogues essentiels.
Avec les questions de Gitta, de Lili et de Joseph, le monde invisible va s’exprimer par elle. Faut-il qu’elle ait une sensibilité particulière, une acuité à l’essentiel qui lui permette cela.
Elle est probablement la plus intuitive des quatre, mais pour autant elle reste une femme ordinaire. Tout au long de sa vie, Gitta qui fut le scribe de Dialogues et qui fit des conférences autour de sa parution ne cessera de répéter que l’expérience est ordinaire et naturelle.
La grandeur d’Hannah apparaîtra tout au long de ce texte et plus précisément lorsque son ange, l’entretien 31 se présentera sous le nom de « Celui qui mesure ».
Il laisse voir toute la rectitude de cette femme, Gitta parle de l’ange de «la Divine Justice».
Ce livre qui se révèle à nous au cours des lectures incessantes, laisse voir une Hannah qui Se Donne. Elle ne pose jamais de limites, dans la recherche des mots justes, du sens, du don d’elle même sans fard et sans retenue pour que le message soit le plus juste possible. Quelle puissance d’être !
Lire et chercher à rencontrer cette femme m’a bouleversé. J’ai eu le sentiment de la côtoyer dans ma lecture des Dialogues avec l’Ange, tant elle est une pure présence à la vérité. Elle m’a toujours inspirée un immense respect, je dirai même une admiration cachée. Je suis impressionnée et probablement trop pudique pour parler d’elle, elle aurait aimé plus d’humour et d’audace de trait…
Article paru dans la revue Reflets n°32